mercredi 29 juillet 2009

Gothique en trompe l'oeil...


Vous pensez qu'il s'agit d'une cathédrale en France ou dans un autre pays européeen... je vous ai bien eu : c'est la cathédrale da Sé à São Paulo, imitation presque parfaite de l'art moyennâgeux. Sauf que les Brésiliens n'ont aménagé qu'un portail, au bas de la façade principale, contrairement aux grandes églises gothiques européennes qui en comprennent trois et même parfois cinq.Juste une parenthèse pour signaler que la Catedral (sans "e" final en portugais) da Sé fait partie du cercle des cinq plus importantes cathédrales gothiques au monde par leurs dimensions... mais il faut préciser que son inauguration a eu lieu une dizaine d'années après la seconde guerre mondiale. Une prouesse, donc : du gothique en trompe l'oeil, mais si beau tout de même.Comme les Brésiliens aiment bien compliquer les choses, en principe, ils sont pris soin de coiffer la Catedral da Sé d'un dôme vert de style Renaissance rappelant, cette fois-ci, les cathédrales italiennes. On aimera, ou on n'aimera pas. L'éclectisme est au rendez-vous, à São Paulo.Hélas, le parvis de la cathédrale de São Paulo est le témoin de la misère qui règne, un peu partout, au Brésil: des hordes de mendiants, de SDF, au pied de l'immense église auxquels les tours jumelles semblent accorder leur protection.
Y. Le H.

Saint Lazare, Julio Prestes, en voiture pour la Nostalgie !


(Photo provisoire: le dessin de la Gare de Júlio Prestes vue de l'intérieur sera bientôt scannée et mise en ligne, substituant celle-ci)


(juillet 2009) - C’est une lune percée de nombreux cratères, posée au milieu d’une énorme verrière constituée de carrés grisâtres sur fond de nuit s’écrasant peu à peu sur la ville alentour. L’on tourne le dos et l’on se laisse entraîner par la perspective impressionnante de cette coque renversée, posée sur quantité de piliers en métal : une gare. Mais une gare où ne viennent échouer que peu de trains, un toutes les 20 minutes, en provenance d’une inextricable et banlieue sans grand intérêt. La gare s’appelle Júlio Prestes, en plein cœur de São Paulo, construite il y a 80 ans, juste à côté de la Gare de la Luz, bien plus fréquentée, elle, dont les faisceaux de voie passent juste à côté, de sorte que regardant la lune - en fait, une horloge ! (dont les cratères ne sont autres que douze chiffres) - l’on aperçoit des rames de six wagons aller et venir, dont les phares tantôt jaunes, tantôt rouges perforent l’obscurité qui s’instaure.


De telles scènes ferroviaires, que j’apprécie au plus haut point, m’ont enchanté, un soir d’hiver à São Paulo, alors que je revenais, en train, d’Alphaville. J’ai revécu des émotions bien parisiennes. Quand je flânais à la frontière des 8ème et 17 arrondissements, dont les stations de métro portent des noms évocateurs tels Liège et Rome, je m’arrangeais toujours pour aller traîner sur les ponts enjambant les voies jaillissant de la gare Saint Lazare. Et je me régalais de ces trains de banlieue qui n’arrêtent pas de se croiser, dans un concert de grincements d’essieux tandis que les haut-parleurs de la gare toute proche égrènent des informations et des noms de villes.Entre Saint Lazare et Júlio Prestes : quelque dix-mille kilomètres. Mais une étonnante proximité, car j’ai retrouvé, à São Paulo, la même atmosphère, la même émotion face à ces trains qui se fondent dans la nuit, emportant à bord des centaines de destinées incertaines. Certes, à Paris, les rames de la RATP et de la SNCF sont bien plus modernes et confortables, et elles comportent deux niveaux (deux étages), tandis qu’à São Paulo, celles de la CPTM, une sorte de RATP locale, sont plutôt obsolètes, d’un aspect plus lourd et d’un autre âge puisque les passagers doivent se presser sur un seul niveau. Mais au fond, ce sont les mêmes vibrations ferroviaires, les mêmes fragments de paysages, les mêmes grincements d’essieux et les mêmes claquements de portes s’ouvrant puis se refermant. Un moment, même, j’ai eu l’impression d’avoir fait un retour précipité à Paris, par le chemin de fer.


Je n’ai pu m’empêcher de retourner, quelques jours plus tard, à la gare Júlio Prestes, pour y faire un dessin de cette immense verrière, avec l’horloge tout au milieu, qui m’a d’abord fait penser à une lune mais qui soudain m’a donné l’impression d’une araignée dont les aiguilles auraient tissé tout autour les quadrilatères de fer enserrant des centaines de carreaux vitrés. "Saudade", une fois de plus, de «ma» gare Saint-Lazare où, un an et demi plus tôt, j’avais fait un dessin assez semblable, par un froid tout aussi tranchant, assis sur un quai (alors qu’à Júlio Prestes je suis allé m’assoir, confortablement, sur une passerelle surplombant les voies à l’intérieur même de la gare). Sortant de la gare Júlio Prestes, j’ai admiré, comme souvent, sa façade striée de colonnes cannelées, dont l’envergure rappelle vraiment la gare Saint Lazare et tout autant celle de la gare de Lyon puisqu’elle brandit, fort haut dans le ciel, un beffroi lui aussi pourvu d’horloges.

Splendide architecture ferroviaire, à la fois majestueuse et élégante. De ce point de vue-là, Paris et São Paulo ont bien des points communs.


Y. Le H.

De Paris au Brésil, au fil d'innombrables dessins...

Praça da República, à São Paulo, un samedi


CHERS INTERNAUTES,
CHERS AMIS,

ATTENTION: Ce texte n'est plus très actuel, car je suis amené à retourner en France (fin novembre 2009), où je vais essayer de me réinsérer dans le tissu professionnel, que ce soit le journalisme, l'hôtellerie, le dessin, ou tout à la fois!



J’avais fini par trouver un emploi sympa dans l'hôtellerie, à Paris, après avoir bénéficié du RMI (devenu le RSA) pendant plusieurs mois. Pendant plusieurs années, j’avais vécu au Brésil, où j’avais dirigé et élaboré un mensuel franco-brésilien, que les autorités françaises, qui soutenaient cette initiative unique, ont laissé tomber. L’horreur d’une vie réduite à néant, ou presque, où tout s’effondre, ce d’autant plus que je suis tombé « sacrément » malade. Mais je n’en dirai pas davantage, car dans notre civilisation de l'image fondée sur le voyeurisme et le manque de pudeur, l’on a droit à ses jardins secrets. L’homme vaut par la lumière qu’il fait rejaillir autour de lui et par l’ombre qu’il sait préserver en lui.

Dans la capitale française, en 2008 et 2009, j’ai retrouvé une passion, vieille de plusieurs dizaines d’années : dessiner. Je me suis mis à remplir les jours de désœuvrement en interprétant cette si belle ville sous toutes les coutures, dessinant dans les cafés et aussi assis à même les trottoirs. Je ne dessine jamais d’après photo : tout sur place ! Un chef d’entreprise au Brésil m’a proposé de prendre part à un projet de dessins, que par égard pour lui je ne saurais dévoiler présentement. Alors, un beau matin d’automne, en 2008, j’ai fait mes valises, une fois de plus, et je suis reparti au Brésil, avec des centaines de dessins dans les soutes de l’avion aux couleurs de TAM, que j’ai retrouvé intacts à mon arrivée à São Paulo.Et tout en pigeant pour le quotidien La Tribune (une équipe assez jeune, compétente et très sympa, qui tente de rénover l’information économique), j’ai commencé à dessiner dans les rues de São Paulo pour mener à bien mon projet, malgré des difficultés financières sur lesquels je ne m’étendrai pas.

Mon premier dessin dans la plus importante ville brésilienne : un éclairage public jadis à gaz, épié depuis un café d’une rue commerçante au centre de le mégaville où j’ai retrouvé la saveur des « cafezinhos » et « pãos de queijos » brésiliens. Je n’oublierai cette matinée, encore sous le coup du décalage horaire et plein d’angoisses quant à ma nouvelle vie : une serveuse s’est penchée sur mon dessin et m’a dit… « Vous allez emporter ça aux Etats-Unis ? Vous venez ici pour nous prendre nos beautés ? » Elle ne disait pas de telles choses avec des intentions racistes, pas du tout ! La pauvre, elle n’avait sans doute pas eu la chance de visiter d’autres villes, à l’étranger, et n’avait aucune notion de ce qu’est une cité esthétiquement magnifique comme Paris.

Pourtant, à São Paulo, il y a des choses très intéressantes à découvrir, à dessiner. Un journaliste tout comme un dessinateur peuvent modeler leur inspiration au fil des plus diverses et invraisemblables escales. Un jour, je retournerai à Paris, mais pour l’instant je m’amuse en dessinant des choses qui parfois n’ont aucun intérêt, mais qui jointes les unes aux autres révèlent sans doute l’essence d’une ville. Une ville, c’est plein de contrastes, de fragments de beauté et de laideurs, d’ombres et de lumières. Le centre de São Paulo m’intrigue, si petit du point de vue géographique et plein de constructions influencées par l’architecture française, portugaise, italienne, flamande, côtoyant des gratte-ciel à l’américaine, une sorte de Manhattan un peu vieillot mélangé à un Paris reconstitué sous forme de miettes éparses. Mais il y a aussi des coins très chouettes plus loin (la périphérie) où la richesse des grandes entreprises a fait surgir d’élégants quartiers d’affaires : tours majestueuses dont les flancs vitrés étincèlent sous le soleil, comme autant de pépites. Ici, les rues sont propres, et surtout pas de SDF dans les squares comme c’est hélas le cas au cœur de São Paulo. D’ailleurs, j’ai fini par en connaître passablement, des sans-toit et des mendiants ! Souvent, ils m’ont déconcentré par leurs commentaires (il faut une de ces patiences, pour dessiner dans la rue !) mais aussi encouragé. Ils ont contribué à me rendre conscience de la fragilité de nos destinées. Aujourd’hui, je dessine, j’écris… Et demain ?

Pour l’instant, je vous propose quelques flâneries à Paris, São Paulo, mais aussi São Luiz (à mettre en ligne plus tard) et Rio de Janeiro. Car je prends parfois le large, quand j’ai des sous ou quand l’on participe au financement de tels déplacements.

Et puis, si ça vous intéresse, je vends certains de mes dessins, pour ceux qui aiment cette forme d’expression. Les tarifs sont à convenir, cas par cas.
Alors, bon voyage, heureuses flâneries franco-brésiliennes.


Yann Le Houelleur, à São Paulo, pour l'instant
lehouelleuryann@voila.fr


Mes remerciements aux personnes et entités sans lesquelles ce projet et de tels dessins n’auraient pas été possibles : Patrice Le Houelleur, Jacques et Noëlle Le Houelleur ; Frédéric Verduzier, Stéphane Lenoble (mort en août 2007) ; Itinéraire et Carrière (Association financée par le Conseil général des Hauts de Seine) ; Consulat du Brésil à Paris, Mme Ghislaine Thiery et Hôtel Le Relais des Halles ; M. Régis Dubrule ; Canson Brasil ; Paulo di Mello ; Marc Gallichan ; Daizy Kurtz; Pierre-Marie et Gilles; Gérard Adolphe; Mme Vinh Farroux, etc. Et pardon si j’ai oublié quelques noms.